Au cœur de notre mission : rencontre avec une assistante sociale en foyer
Accompagner, écouter, soutenir : au sein des structures d’hébergement collectif pour personnes migrantes, le rôle des assistant·es sociaux·ales est crucial. Mais qu’implique concrètement ce métier sur le terrain ? Comment créer un lien humain dans un contexte parfois complexe ? À travers cette interview, découvrez le quotidien de Gabrielle, assistante sociale au foyer de Pully. Elle partage avec nous son parcours, ses motivations et les défis de son métier.
En quoi consiste votre poste ?
Je suis assistante sociale dans un foyer d’hébergement collectif pour personnes migrantes. Je vais donc m’occuper de les accueillir et de leur fournir des informations essentielles sur le fonctionnement du foyer, leurs droits et devoirs, les lieux importants à connaître, etc. Nous les accompagnons également dans leurs démarches administratives, comme la gestion des courriers ou des factures.
Dans les trois premiers mois suivant leur arrivée, on effectue un bilan pour évaluer leur parcours, leurs compétences, leur formation, afin de poser des objectifs d’intégration. Cela nous permet ensuite de mieux les orienter vers des programmes adaptés. On veille ensuite à ce que leur séjour soit le plus agréable possible en organisant diverses activités, dans le foyer mais aussi à l’externe, en collaboration avec un réseau important de partenaires internes et externes, afin de maximiser et favoriser au mieux leur intégration. Enfin, on gère les défis du quotidien, comme la médiation en cas de conflits.
Pourquoi avoir choisi ce métier ?
Après 11 ans comme curatrice professionnelle, j’avais envie de me spécialiser, car le métier de curateur·trice est un métier de généraliste. Le domaine de la migration a toujours été mon domaine de cœur, ce poste me permet donc de conjuguer mon expérience de généraliste avec l’accompagnement de personnes au parcours migratoire riche et complexe.
J’ai aussi ressenti le besoin de me rapprocher du terrain, d’être en contact direct avec les gens. Travailler dans un foyer offre cette proximité qui m’apporte beaucoup humainement.
Quels sont les aspects du métier que vous appréciez particulièrement ?
Ce qui me plaît avant tout, c’est de travailler dans un environnement où les valeurs d’ouverture et du vivre-ensemble sont partagées par tous, y compris l’organisation elle-même. C’est gratifiant de contribuer à une mission qui met en lumière l’importance de l’intégration.
L’ambiance du foyer est aussi unique. J’ai l’impression d’être « à la maison » quand j’y vais, même si nos bureaux sont séparés du lieu de vie des bénéficiaires. Le contact quotidien avec les résident·es, notamment les enfants, crée des liens forts : les voir partir et revenir de l’école, plaisanter ensemble, etc. Cette proximité humaine est très précieuse.
J’apprécie également le travail en réseau, collaborer avec différents partenaires, notamment dans le domaine de la santé. C’est un environnement dynamique où on apprend constamment, avec de nombreux projets enrichissants qui bénéficient aux résident·es. Le système de l’EVAM est complexe, mais il offre beaucoup de ressources intéressantes pour les bénéficiaires, c’est un grand plus !
Qu’est-ce qui fait la particularité d’être dans un foyer plutôt que dans un bureau ?
L’une des spécificités majeures est le travail interdisciplinaire avec les autres professionnel·les du foyer, comme les surveillant·es, les intendant·es, les hôtesses et hôtes d’accueil. Ce sont nos collègues directs, et nous collaborons étroitement au quotidien. Par exemple, les intendant·es jouent un rôle clé lors des nouvelles arrivées, en présentant les lieux et en gérant l’attribution des chambres. Nous échangeons régulièrement avec eux pour assurer un suivi fluide, notamment par des transmissions d’informations essentielles.
Les réceptionnistes jouent aussi un rôle important. Chez nous, c’est une dame d’origine ukrainienne, et nos échanges sont très enrichissants. Ce travail d’équipe, au contact de différentes compétences, rend l’expérience en foyer particulièrement intéressante.
Avez-vous une anecdote à partager ?
Lors de l’inauguration d’un nouveau bâtiment du foyer, j’étais venue accompagnée de ma fille. Parmi les bénéficiaires présents, il y avait une maman, mère de cinq enfants. Quelques jours plus tard, cette dame est venue m’apporter une paire de basket trop petite pour ses enfants afin de l’offrir à ma fille. Ce geste m’a vraiment touchée, car comme assistante sociale je suis habituée à donner plutôt qu’à recevoir.